Une fable envoûtante qui nous parle d’hier et d’aujourd’hui , d’une noirceur implacable sur la déchéance de l’humanité.
L’histoire se déroule dans un village reculé d’un Empire qu’on ne peut situer précisément, ni dans l’espace (apparemment dans les Balkans), ni dans le temps ( assez loin cependant car il n’y a encore ni électricité ni voitures) mais le monde décrit dans le livre est celui des hommes d’hier, mais aussi d’aujourd’hui un endroit où cohabitent jusqu’alors pacifiquement deux religions, l’Islam et le Christianisme.
Tout commence par le meurtre du vieux curé dont le cadavre a été découvert par Lemia, une jeune fille de 13 ans et son petit frère, l’enquête s’avère difficile et piétine. Elle est menée par Nourio, un policier ambitieux et opportuniste qui est dévoré par des pulsions sexuelles assez nauséabondes et par son adjoint, Baraj, gentil géant dont l’innocence et la candeur réchauffent le roman.
La petite communauté musulmane qui jusque-là vivait pacifiquement au côté des catholiques s’inquiète car en l’absence de coupable évident, tous les regards se tournent vers elle et les actes de malveillance, les propos désagréables et les brimades prennent peu à peu de l’ampleur.
Les personnages sont pour la majorité, des hommes : notables, religieux, petits nobles, représentants zélés de l’Administration Impériale. On s’épie, on s’observe, on feint de bonnes relations mais dans les têtes bouillonnent vanité, vices et désir de puissance. Lemia est le seul personnage féminin avec la femme du policier, elle est l’image même de la pureté à cette période si particulière où elle sort de l’enfance sans se sentir femme mais déjà l’objet des convoitises mâles, alors que la femme du policier représente, elle, toutes les femmes soumises.
Crépuscule est une fable noire qui nous jette à la figure les dérives de notre histoire, les arrangements des puissants, la cruauté et la lâcheté des foules devant la différence, fiction dans laquelle on reconnait bien la plume de Philippe Claudel.
Commentaire par ANNICK
Aux frontières de l'Empire sommeille une province minérale où le rythme lent des grands hivers engourdit les habitants d'une petite ville ordinaire Un matin, le Curé est découvert la tête fracassée à coups de pierres. Qui pouvait à ce point lui en vouloir dans cette bourgade où, jusque-là, les communautés religieuses avaient vécu en bonne entente ? L'enquête est confiée à Nourio, le Policier trop souvent gouverné par ses passions et qui méprise Baraj, son Adjoint, bon géant placide à l'âme de poète. Mais l'Empire a-t-il intérêt à ce que l'on découvre le véritable assassin ? De suspense en rebondissements, l'intrigue policière se double d'une réflexion magistrale sur la nature humaine. Lorsque les peuples et les Etats sont malmenés, comment s'écrit ou se réécrit l'Histoire ? Et que peuvent les hommes face à son cours impétueux ?
