728 x 90

Globalia

Globalia est un roman d'anticipation développant une dystopie (société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire ou une idéologie néfaste).

Voilà un roman dystopique dont l’action se passe dans une démocratie, Globalia, lieu protégé, où le ciel est uniformément - et artificiellement - bleu, la température toujours clémente, la pluie programmée de telle manière que toutes les personnes puissent rester sagement à l’abri, bref, la démocratie idéale …

Habiter à Globalia nous promet le bonheur, la possibilité de posséder tout ce que l’on a envie d’avoir, des loisirs et surtout bénéficier d’une jeunesse quasi éternelle : n’est-ce pas ce dont chacun rêve ? Oui, mais à condition de rester bien sagement à sa place et de ne rien contester !

La réalité est tout autre. En fait tout est contrôlé et l’espace extérieur à Globalia - elle-même regroupée en gros aux latitudes tempérées - est défini comme des « non-zones ». Là-bas règne le désordre, la violence, la misère et il est interdit à tout habitant de Globalia de s’y aventurer.

D’ailleurs, il ne s’y risque pas, car, en fait, tout est contrôlé, chacun est espionné par les autres, jusqu’aux opinions : royaume de la pensée unique, où les gouvernants, pour maintenir l’ordre, vont même jusqu’à créer l’« Ennemi » propre à convaincre les habitants de rester dans le droit chemin, quitte à organiser des attentats meurtriers pour en prouver l’existence.

Pourtant, l’un d’eux, le héros de ce livre, veut absolument découvrir ce qu’il y a dans les non-zones, et n’hésite pas à braver les interdits pour cela, sans se rendre compte qu’il est manipulé par le pouvoir …

Ce roman, écrit en 2004, anticipe l’évolution de notre démocratie en nous montrant ce qu’il pourrait advenir de nos destins futurs. L’on ne peut s’empêcher, à sa lecture, d’évoquer d’autres dystopies aussi prémonitoires que Globalia. Farenheit 451 (Ray Bradbury - 1953) où il est décidé de brûler les livres, eux-même absents de Globalia, Les Jeux de l’esprit (Pierre Boulle - 1971) où la violence reste le seul recours à l’ennui, comme l’Ennemi de Globalia. 1984 (Georges Orwell - 1949) où tout est sous contrôle, Le Meilleur des Mondes (Aldous Huxley - 1931), où il n’y a que deux mondes, l’Etat Mondial et les « sauvages » regroupés dans des réserves …

Jean-Christophe Rufin nous livre là un roman formidable. Des personnages bien construits, convaincants, une intrigue amoureuse originale, des situations à la fois réalistes, drôles jusque dans le drame. Le cadre physique dans lequel se passent les aventures des protagonistes est fort bien imaginé, et pas tellement loin de l’aboutissement qui se profile pour notre société si nous laissons cours à nos dérives actuelles.

S’ajoute à cela une belle écriture offrant une lecture fluide et convaincante, et la création de quelques savoureuses expressions telles que « accélération de carrière » au lieu de « licenciement ».

400 pages à lire avec plaisir et sans ennui. Dégustez.

Commentaire par MARC

L'action se déroule dans un futur indéterminé, en juillet 27 d'une ère globalienne, dont on sait seulement qu'elle est postérieure à la nôtre1. Une sorte d'État mondial, Globalia, assure à ses citoyens la sécurité, la prospérité et une certaine forme de liberté tant qu'ils ne remettent pas en cause le système. Les « zones sécurisées » occupent principalement l'hémisphère nord, tandis que les « non-zones », essentiellement situées dans l'hémisphère sud, sont réputées inhabitées mais servent de refuge à des populations que le pouvoir central qualifie de « terroristes ». Baïkal Smith, un jeune Globalien, cherche à fuir cette société qui lui pèse. Ce jeune homme se fait enrôler dans une machination montée par Ron Altman. Celle-ci consiste à créer un ennemi public no 1 pour fédérer les Globaliens contre cette menace extérieure des « non-zones ».   Résumé du livre, ETF
>