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La cuisinière d’Himmler

Du génocide arménien aux délires du maoïsme en passant par les horreurs du nazisme, les vicissitudes du XXe siècle constituent la toile de fond de ce roman aussi excessif que réjouissant.

Rose, âgée de 105 ans, tient un restaurant à Marseille « la petite Provence » où elle propose à ses clients une carte très originale avec des plats inspirés de tout ce qu’elle a vécu dans sa vie, de tous les gens qu’elle a rencontrés. Elle décide alors d’écrire ses mémoires car sa vie a été très mouvementée.

Rose est née arménienne en Turquie au début du siècle, sa famille a été décimée par le génocide. Elle en réchappe en se cachant dans le jardin. Elle découvre une salamandre jaune qu’elle prénomme Théo et à qui elle confie ses émotions et ses pensées tout au long de sa vie. Puis après avoir été mise dans un « petit harem », elle s’échappe d’un yacht de luxe où elle était séquestrée et réduite au rôle d’esclave sexuelle et débarque à 11 ans à Marseille. Elle est recueillie par un couple avec qui elle vit des années heureuses.

Mais après leur mort d’autres violences apparaissent. Puis elle se marie, a des enfants et une fois de plus le malheur lui tombe dessus. Le récit pourrait être celui d’une descente aux enfers si Rose n’était pas guidée constamment par une rancune tenace, qui la contraint à la vengeance. Elle tient à jour la liste de ses ennemis…et un jour elle décide d’aller régler ses comptes avec le premier de la liste, celui qui a tué son père, et pour ce faire, part donc en Turquie. Chaque fois qu’il y a des difficultés dans sa vie, elle part trucider quelqu’un, cela soulage sa colère ou son impuissance.

A chaque étape de sa vie Rose doit affronter son destin d’une manière inéluctable et funeste…elle connaît tous les génocides du XXe siècle, l’extermination des Juifs, les dictatures, mais aussi les travers de l’Amérique et Marseille… Outre la soif de vengeance, c’est la cuisine qui constitue une raison de vivre pour Rose, souvenir de sa grand-mère. Elle ouvre un restaurant à Paris où elle rencontre Sartre et Simone de Beauvoir, Himmler….mais à partir du moment où elle part en Allemagne, tout part en vrille. Elle rencontre Hitler, part en Chine, aux États unis…

De multiples rebondissements font tout l’intérêt du roman. C’est une histoire passionnante et bien menée, même s’il y a si quelques invraisemblances. Ce personnage féminin haut en couleur et animé d’une rage de vivre et de se faire justice est drôle, amoureuse, généreuse. On alterne les atrocités et les recettes de cuisine qui mettent en appétit.
L’auteur nous dit la lumière qu’apporte l’espoir mais aussi les heures sombres de l’Histoire.
Il nous dit la puissance des mots et des idées. Il raconte aussi la force de l’amour, les sacrifices endurés, la quête de liberté et ce qui reste après la lutte. Un bon livre agréable à lire.

Commentaire par ANNICK

Ceci est l'épopée drolatique d'une cuisinière qui n'a jamais eu peur de rien. Personnage loufoque et truculent, Rose a survécu aux abjections de cet affreux XXe siècle qu'elle a traversé sans rien perdre de sa sensualité ni de sa joie de vivre. Entre deux amours, elle a tout subi : le génocide arménien, les horreurs du nazisme, les délires du maoïsme. Mais, chaque fois, elle a ressuscité pour repartir de l'avant. Grinçant et picaresque, ce livre raconte les aventures extraordinaires d'une centenaire scandaleuse qui a un credo : "Si l'Enfer, c'est l'Histoire, le Paradis, c'est la vie".   Résumé du livre, ETF
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