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Le pays des autres

Leïla Slimani, dans cette grande fresque, fait revivre une époque et ses acteurs avec humanité, justesse, et un sens très subtil de la narration.

Disons-le d’emblée…à mon sens le dernier livre de Leila Slimani n’a rien d’un chef d’œuvre tout en étant une très bonne étude de mœurs tant il reflète une réalité : l’étranger, d’où qu’il vienne, se sent toujours étranger dans le pays qui ne l’a pas vu naître !
On parle si souvent des immigrés venus en France mais on ne parle pas assez des français débarquant dans un autre pays que le leur.

Ici le paradoxe est que le personnage principal – Mathilde, française d’Alsace – arrive au Maroc dans les années 50, Maroc qui, à l’époque était sous protectorat français (1912-1956).

Or, tout français qu’il est, le Maroc n’a rien à voir avec la France, ni dans ses us ni dans ses coutumes.
C’est un fait…les habitants, arabes pour la plupart, ont une façon de vivre différente et malgré la bonne volonté de Mathilde pour s’adapter aux usages de Mohamed, son mari qui a combattu aux côtés de français et en France pendant la 2e guerre, on ne la considère jamais comme une des leurs… Pas avec de longs discours, non, mais souvent avec des petites phrases apparemment innocentes mais en vérité assassines, du genre : « normal, toi tu ne peux pas comprendre » ou « ici c’est comme ça » … et tout doucement le poison des regrets commence son œuvre, la nostalgie s’installe et Mathilde se sent de moins en moins chez elle.

Au travers de ce livre, on sent le poids du déracinement et la blessure qu’il occasionne, blessure qui se creuse jour après jour.
Par ailleurs, au travers du livre, l’auteure fait une analyse très juste de la société de l’époque où les français installés depuis des décennies (ceux qu’on assimilera plus tard aux Pieds Noirs), souvent nantis, se comportent comme les rois du monde, méprisant au passage les indigènes vivant là bien avant eux.

Mais la roue tourne… toujours… ! Et ces mêmes français ont vécu le revers de la médaille en arrivant en France. Les français de métropole se sont chargés de leur rendre la monnaie de leur pièce, les méprisant car ils ne leur ressemblaient en rien. Bien sûr ils avaient adopté le mode de vie, les accents, les us et les coutumes (sans pour autant s’en rendre compte) du pays qui les avait vus naître, le Maroc.

Commentaire par ANNIE

En 1944, Mathilde, une jeune Alsacienne, s’éprend d’Amine Belhaj, un Marocain combattant dans l’armée française. Après la Libération, le couple s’installe au Maroc à Meknès, ville de garnison et de colons. Tandis qu’Amine tente de mettre en valeur un domaine constitué de terres rocailleuses et ingrates, Mathilde se sent vite étouffée par le climat rigoriste du Maroc. Seule et isolée à la ferme avec ses deux enfants, elle souffre de la méfiance qu’elle inspire en tant qu’étrangère et du manque d’argent. Le travail acharné du couple portera-t-il ses fruits ? Les dix années que couvre le roman sont aussi celles d’une montée inéluctable des tensions et des violences qui aboutiront en 1956 à l’indépendance de l’ancien protectorat. Tous les personnages de ce roman vivent dans «le pays des autres» : les colons comme les indigènes, les soldats comme les paysans ou les exilés. Les femmes, surtout, vivent dans le pays des hommes et doivent sans cesse lutter pour leur émancipation.   Résumé du livre, ETF
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