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Titus n’aimait pas Bérénice

Ce titre m’intriguait. De bonnes critiques m’ont encouragée. La lecture m’a surprise.

Bien sûr, l’histoire repose comme prévisible sur la comparaison entre le récit historique et la tragédie classique, avec une situation éternelle et banale, celle de la rupture et de la fin d’une histoire d’amour contemporaine. Un roman de gare, au pire...

Mais l’auteur se dirige, et nous entraîne vers un autre sujet, afférent bien sûr.
Une biographie sérieuse, historiographiquement exacte, et néanmoins poétiquement évocatrice, de l’auteur célèbre, Jean Racine.

Ouvrons donc le live à tiroirs, un peu en poupée russe : les premiers chapitres, l’amour d’aujourd’hui. Puis la jeunesse quelque peu oubliée (si jamais connue ?) du petit Jean, orphelin, vite pensionnaire, puis étudiant dans l’aridité savante et mystique du Port Royal des Jansénistes. Une sensibilité à fleur de peau contrainte et corsetée par une austérité tempérée par une culture passionnée des auteurs anciens et un entrainement à un travail de traduction du grec et du latin qui va forger cette langue inimitable du plus grand artiste de la langue française.

Alors... alors on relit - on lit peut-être aussi son Racine - 12 pièces seulement... dont des chefs d’œuvre : Andromaque, Bérénice, Phèdre, même Athalie et Esther.

Et puis, césure,le roman contemporain reprend. Les affres de l’abandon et de la jalousie, éternel sujet de nos littératures.

Après cet entracte en surface temporelle, on replonge dans le XVIIe siècle celui de Louis XIV, que vivent de conserve ces deux contemporains, les jeunes Louis et Jean, jusqu’à l’âge d’homme qui fait de l’un, le souverain absolu qui ne danse plus, et de l’autre le poète muet devenu historiographe rigoureux avant que, paradoxalement, l’austère Maintenon ne vienne réveiller, quelque peu saintement, la muse devenue biblique des pièces de pensionnat « Esther » et « Athalie ».

Il est loin, l’amant (entre autres) de la belle Marquise du Parc, et le rival du vieux Corneille.

Enfin en quelques lignes, l’auteur finit l’intrigue d’aujourd’hui dans les larmes et l’abandon, comme il se doit, car Titus, pour toujours, n’aime pas Bérénice.

Mais la flânerie continue. On recherche un vieux Lagarde et Michard, on furète dans la bibliothèque et on retrouve un ancien tout écorné « Vie de Jean Racine » par un autre grand écorché des lettres, François Mauriac. Essayer la comparaison en vaut la peine.

Commentaire par Dominique D.

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