728 x 90

ASTA

Jón Kalman Stefánsson enjambe les époques et les pays pour nous raconter l’urgence autant que l’impossibilité d’aimer. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe roman, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous, et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur.

C’est un roman islandais paru en 2017, écrit par un auteur reconnu. Au départ il est difficile à lire car il n’est pas composé de façon linéaire, « nous vivons tout autant dans les événements passés que présents », dit l’écrivain. Il faut donc reconstituer le récit comme un puzzle, en s’interrogeant sur qui parle et à quelle époque.

Au début, nous sommes à Reykjavik dans les années cinquante et nous assistons à une scène d’amour torride (il y en aura beaucoup d’autres) entre Sigvaldi et Helga. De ces amours naît une seconde fille nommée Asta parce que si on l’ampute de la dernière lettre, le prénom signifie amour. Puis trente ans plus tard, Sigvaldi tombe de son échelle de peintre et voit défiler pêle mêle les épisodes de sa vie.

Helga, femme passionnée et instable l’a quitté et il vit en Norvège avec une autre épouse. Asta a suivi le même chemin que sa mère, a mené une vie chaotique et instable et son amour de jeunesse, Josef, qu’elle a perdu et retrouvé est parti après trente ans de vie commune. Le récit est rythmé par les lettres qu’elle lui envoie. Le bonheur promis par son prénom ne s’est donc pas réalisé.

A cause de la construction éclatée et fragmentée, on ne sait pas tout de la vie des personnages mais on comprend qu’ils ont été inspirés par la quête de l’Amour. Pour l’auteur l’amour est difficile et souvent impossible, « n’y a-t-il pas toujours des événements qui dérangent, alourdissent, abîment ? Le bonheur éternel n’existe pas »
Ce pessimisme est effacé par le lyrisme et la fougue des descriptions. On est emporté par l’expression ardente des sentiments d’Asta en particulier.

Le romancier déploie la même passion pour décrire l’Islande et ses paysages magnifiques, ses fjords grandioses et ses aurores boréales qui sont « les rêves de Dieu » mais il est conscient que le pays est en train de perdre son âme à cause de l’afflux des touristes et de la société de consommation. Il garde la nostalgie des étendues sauvages, arides et désertes, telles que les a connues Asta pendant sa jeunesse et les années heureuses passées avec Josef.

C’est donc un roman original, puissant et fiévreux, qui laisse une forte impression.

Commentaire par MALU

Reykjavik, au début des années 50. Sigvaldi et Helga décident de nommer leur deuxième fille Ásta, d’après une grande héroïne de la littérature islandaise. Un prénom signifiant – à une lettre près – amour en islandais qui ne peut que porter chance à leur fille… Des années plus tard, Sigvaldi tombe d’une échelle et se remémore toute son existence : il n’a pas été un père à la hauteur, et la vie d’Ásta n’a pas tenu cette promesse de bonheur.   Résumé du livre, ETF
>