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Berthe Morisot

Dans son visage devenu célèbre grâce aux portraits qu'elle a inspirés à Manet, ce sont les yeux qui marquent le plus

Si vous n’avez pu voir l’exposition (( Berthe Morisot » 2019 au Musée
d’Orsay, lisez l’excellente biographie de Dominique BONA (de l’Académie
française) qui ressuscite magistralement aussi bien l’époque (1850-1895)
que le cadre, essentiellement parisien mais ouvert, et surtout les
personnages quasiment revivifiés.

Autour d’une jeune fille et femme de « bonne famille » et d’un entourage
bourgeois, mais éclairé d’échanges culturels, artistiques et intellectuels
foisonnants, se déroule un véritable « roman » de cette brillante, mais aussi
dramatique époque de la fin du XIXe siècle.

L’ouverture, la formation, le développement dans les difficultés sociétales
de la vie féminine du temps, d’une vocation affirmée si exceptionnelle
qu’elle vainc toutes les difficultés et arrivera à bâtir une œuvre égale à
celles de ses hommes contemporains sous la bannière du mouvement
" impressionniste" ainsi baptisé par la dérision et désormais connu pour sa
gloire.

En outre, la partie historique et sociétale est passionnante. Voir le récit de la
guerre de L870, du siège et de l’occupation de Paris et des luttes de
Versailles et de la Commune.

Enfin d’un sublime et impossible roman d’amour... écrit par Edouard
Manet en onze portraits de l’héroïne, la plus belle « dame en noir » de tout
l’art de la peinture. Amour irréalisable et immortalisé entre deux mains qui
tiennent chacune leur pinceau et un aveu indubitable : un bouquet de
violette... comme on en vendait pour quatre sous dans les rues de Paris.

PS. Il existe un excellent numéro Télérama Hors série à 8,50 €.
Bien du plaisir !

Commentaire par DOMINIQUE

Cette jeune femme en noir, au bouquet de violettes, aux yeux profonds, que peint Manet dans les années 1870, c'est Berthe Morisot. Elle garde sur son visage altier comme un secret. Un modèle parmi d'autres? Non: la seule femme du groupe des Impressionnistes. Berthe Morisot, née dans la province française en 1841, fille de préfet, peint et expose parmi ce clan d'hommes, ceux qui sont encore des réprouvés sans public, des réfractaires à l'art officiel : Manet, Degas, Monet, Renoir. Ardente mais ténébreuse, douce mais passionnée, aimant la vie de famille mais modèle et amie - et qui sait ? peut-être davantage - d'Edouard Manet dont elle épouse le frère: il y a une énigme dans les silences et les ombres de Berthe Morisot. Dominique Bona, puisant aux archives inédites, fait tournoyer la fresque de l'Impressionnisme: de Giverny aux plages normandes, de Mallarmé rédigeant des billets doux pour Méry Laurent ou Nina de Callias aux lavandières qui posent pour Renoir, de la sanglante Commune de Paris au règne de la bourgeoisie corsetée, des salles du Louvre aux ateliers de la bohème. Dominique Bona peint ici le portrait subtil d'une artiste qui inventa sa liberté.   Résumé du livre, ETF
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