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A la folie

La rencontre de " la norme " et de " l'anormalité "

L’histoire s’ouvre sur la déchirure de Marguerite, une comédienne, un soir de « dernière ». Elle doit quitter l’enveloppe de son personnage pour redevenir une femme ordinaire dans sa vraie vie qu’elle déteste. Une femme seule, qui ne parvient pas à mener à bien ses projets culturels. Couverte de dettes elle est contrainte d’animer une émission de télévision débile, adorée du public. Ce soir- là, à la suite d’une énième ineptie d’une vulgarité sans nom, éperdue de honte, elle craque et quitte le plateau sur un coup de tête. Elle apprend aussi que l’homme qu’elle adorait vient de mourir. Elle court chez elle où les huissiers sont en train de saisir le peu qu’elle possède.

Désormais, plus rien ne la touche. Elle bourre son caddy de vêtements, empile les couches sur elle pour se prémunir contre le froid de l’hiver et part à la dérive dans Paris où elle va faire LA RENCONTRE qui va changer sa vie.

Raoul, un homme « dérangé », habillé en Père Noël va l’emmener dans un univers parallèle ahurissant. Un Institut étrange où vivent des êtres handicapés physiques ou mentaux, tous condamnés à mort à brève échéance, parce qu’incurables à des titres divers et dont personne ne veut plus s’occuper dans « notre monde moderne ». Des hommes et des femmes extraordinaires auxquels elle va s’attacher, après quelques semaines difficiles d’adaptation. Elle leur fait découvrir la vertigineuse possibilité de devenir autre, par le théâtre, réveillant leur personnalité profonde annihilée par les calmants. Ils vont s’identifier à leurs rêves au point de refuser d’ôter leurs costumes pour dormir ; folie nouvelle qui les conduira à des conflits très graves avec le voisinage et menacera l’existence même de l’institut.

Une galerie époustouflante de personnages baroques, tendres, violents, plus attachants les uns que les autres. Une magnifique figure de femme paralysée, lumineuse, presque irréelle, plus à l’aise dans l’eau que sur la terre. Souvent perturbés par l’absence totale d’amour et de sexualité, ils délirent, se battent, fuguent, mettant leur vie en danger, dans ce monde étranger dont ils ne connaissent pas les règles et qui les rejette.

Auprès d’eux, elle va retrouver le goût de vivre et l’amour grâce à Barnabé, un géant muet, qui communique par la langue des signes et la musique, diffusée par des appareils miniature de son invention dont ses poches sont bourrées.

C’est déchirant, puissant, magique. Un style flamboyant et poétique. Une ode cocasse à la tolérance, sans pathos ni apitoiement. Une incitation à reconnaître ces êtres différents pour ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes et non pour le regard que nous portons sur leur apparence.

Clémentine Célarié avoue s’être servie du personnage de Marguerite et de sa propre expérience, pour projeter ses rêves d’altérité entre eux et nous.
Un éblouissement de lecture.

Commentaire par CLAUDINE

Marguerite ne trouve plus de sens à sa vie. Prisonnière d'un système qui l'étouffe, elle rencontre une nuit un homme singulier. Il lui ouvre les portes de son monde, un centre où vivent des êtres dits anormaux, physiquement ou mentalement affectés. Ce lieu offre un nouveau souffle à Marguerite, elle le perçoit comme un havre de rêve, de poésie, d'urgence de vivre. Elle propose aux résidents d'explorer leur imaginaire et leur créativité. Tous se réinventent alors un bonheur volé ou enfoui, au mépris de l'ordre établi. Mais jusqu'où pourront-ils aller ? Qui est fou ? Qui ne l'est pas ? En s'ouvrant aux autres et à leurs différences, on découvre des trésors inattendus.   Résumé du livre, ETF

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