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Joseph

Ce roman est inclassable, envoûtant par ses mots perlés, entrelacés, brodés en une langue tant travaillée qu'elle en est ciselée, alliant tournures patoisantes et syntaxes savantes, pour dire l'ordinaire d'un ouvrier agricole dans le Cantal. Pour décrire aussi son temps et son espace immobiles.

Joseph est vieux garçon, il approche la soixantaine. Il ne possède rien sauf une table et un lit branlants, hérités de ses parents. Lui, le jumeau moins malin que son frère, préféré de sa mère, fut finalement abandonné par eux lors du mariage de Michel qui emmena sa mère.

Joseph ne s’est jamais plaint ni rebellé. Il a montré juste de l’étonnement, il s’est toujours contenté de son sort sans éprouver la moindre jalousie. Il s’est toujours débrouillé avec lui-même, spectateur des autres, mais jamais juge. Il n’en veut à personne et le temps a passé.

Joseph fut bon travailleur, apprécié de ses patrons mais on ne le voit pas, on ne l’entend pas, il est transparent. C’est un taiseux.

"Les soirs avant de monter (se coucher) Joseph dit bonsoir, sans regarder, on l’entend à peine mais on sait qu’il l’a dit"

Les mots lui sont d’un maniement difficile, il préfère les chiffres et se rappelle sa vie grâce aux dates, aux prix, aux distances, ancrées dans son cerveau.

La seule fois qu’il vécut avec une femme, Sylvie, ce fut un échec ; elle aussi l’abandonna.
Puis l’oubli dans l’alcool, puis trois cures de désintoxication, puis la vie qui reprend, suite immobile des jours.
Il reste à l’abri de lui-même.

Commentaire par ODILE

Joseph est un doux. Joseph n'est pas triste, du tout. Joseph existe par son corps, par ses gestes, par son regard ; il est témoin, il est un regardeur, et peut-être un voyeur de la vie des autres, surtout après la boisson, après les cures. Il reste au bord, il s'abstient, il pense des choses à l'abri de sa peau, tranquille, on ne le débusquera pas. Joseph est ouvrier agricole, dans une ferme du Cantal.   Résumé du livre, ETF
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