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La nuit des béguines

1310: le moyen âge se termine dans une explosion d’obscurantisme et de cruauté. Philippe le Bel affirme sa toute-puissance tant sur l’état que sur l’église, en emprisonnant, en jugeant et en condamnant au bûcher les Templiers.

Dans un Paris médiéval aux ruelles étroites et boueuses, des femmes ont trouvé refuge au sein d’un havre de paix : le grand béguinage de Paris fondé par Saint Louis. Croyantes, sans avoir prononcé de vœux, elles y mènent une vie de prière et de méditation, mais aussi d’enrichissement personnel : herboristes, brodeuses, écrivains, elles posent un regard désabusé sur leur environnement car elles ne sont pas recluses et circulent librement, reçoivent des amis, disposent de leurs biens.

Certaines d’entre elles sont libres de toute attache, d’autres ont encore une famille, voir un mari qu’elles ont fui dans une période où le mariage consenti par les parents était parfois prononcé et consommé dès l’âge de 8 ans.

C’est au sein du béguinage, son cloître, son jardin, ses chambres que se tisse la trame de leurs vies. Prière, recherches, broderie, lecture, copie de textes religieux, échanges verbaux et même relations intimes meublent leurs journées, voire leurs nuits.
Si certaines y viennent délibérément ou sont accueillies avec l’accord de leur famille et disposent d’un logement personnel voire de servantes, d’autres mènent une vie conventuelle.
Au sein de leur communauté se nouent amitiés, affections ambiguës, voire inimité et rancœur.

Y pénètrent aussi des religieux, confesseurs, conseillers et aussi porteurs d’une pensée nouvelle. …leur situation est mise en cause par le clergé régulier.
En 1317, Jean XXII sous le nom de « Constitutiones clementinae » publie un décret qui condamne le statut des béguines. Cependant le texte se termine par une ouverture : « il n’est pas interdit aux femmes pieuses, qu’elles aient fait vœu de chasteté ou non, de vivre librement dans leurs maisons et d’y servir Dieu dans un esprit d’humilité ».

A Paris, le clos royal est ferme : « Les béguines ne chantent plus, les béguines ne lisent plus. »
Le manuscrit « Le miroir des âmes simples et anéanties » de la béguine Marguerite Porete, texte majeur de la mystique médiévale est conservé au musée Condé de Chantilly.

Commentaire par MARIE-JO

L'histoire se déroule entre 1310 et 1314. Si le royaume de France est encore le plus puissant de la chrétienté, les équilibres féodaux ont basculé. Le clergé tente donc de mettre au pas tous ceux qui échappent à son autorité et le statut des béguines va être condamné. Pour des centaines de femmes seules, pieuses mais laïques, cette institution offrait une alternative au mariage et au cloître. Ne subsisteront que quelques rares survivances dans les Flandres.   Résumé du livre, ETF

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