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Le bureau des jardins et des étangs

Ce roman nous transporte au Japon, au 12émé siècle, sous le règne de l’empereur Nijo Tenno. Un roman d'une sensualité envoûtante et d'une sensibilité exquise.

Il débute au bord de la rivière Kusawaga où Katsuro pêche d’énormes carpes destinées aux étangs sacrés de la cité impériale : elles se parent d’un maillage d’écailles uniformes et harmonieuses allant du « noir brillant au bronze profond ».

Une fois par an, Katsuro les transporte dans des nasses, se balançant aux extrémités d’une longue perche, au cours d’un périple long et dangereux qui se termine aux étangs impériaux, et rapporte une petite fortune qui fait vivre tout le village. Il profite bien sûr de son périple pour s’offrir quelques aventures grivoises. Cependant sa passion charnelle pour Miyuki, son épouse, reste entière et comble son existence austère et misérable.

Mais, voilà : Katsuro se noie en essayant de capturer une énorme carpe, et pour ne pas mourir de faim Miyuki doit prendre la relève et assurer le transport des carpes capturées vers la capitale. La voilà partie, les épaules broyées par le poids des vasques en osier qui contiennent les carpes.

Et c’est une véritable odysée qui l’attend : il lui faut défendre les carpes des grues qui planent au-dessus des palanques, des voleurs qui finissent par en dérober deux, mais aussi résister aux formes oniriques , aux incarnations maléfiques, les « kappas » qui dévorent les voyageurs.

Sa naïveté, sa bonté, et aussi sa beauté, malgré son aspect négligé, lui attirent des sympathies, mais l’entraînent aussi vers des aventures hasardeuses : après avoir accepté de se prostituer pour une vieille maquerelle ( il faut bien survivre !), elle est livrée à un client (il s’agit en fait de Nagusa, le responsable des étangs impériaux). Dégoûté par son odeur, il ne parvient pas à l’honorer et exige qu’elle s’arrache un ongle à titre de réparation.

Elle finit cependant par arriver au palais impérial où elle est accueillie par ce même Nagusa. Alors qu’elle séjourne au palais, le temps « d’ apprendre l’eau du bassin » aux carpes restées en vie, l’empereur lance un concours de parfums qui attire de nombreux concurents dont Nagusa : il s’agit d’évoquer l’odeur « de la demoiselle dans la brume au-dessus d’un pont ».

Bien sûr, Nagusa participe, mais contrairement aux autres candidats, il s’écarte des fragrances subtiles et éthérées pour évoquer l’odeur de Miyuki , « une odeur de riz trop lavé, trop chauffé, trop cuit et celle d’une toilette d’un soir qu’une servante a oubliée sous la pluie et qui est définitivement gâchée, et qui plus que tout évoque la beauté souillée et la mort des oiseaux ». A vous d’imaginer la fin !

Un roman épique, superbe, qui comme « Le Parfum » de Suskino évoque la vie dans ce qu’elle a de sensuelle et de terrible – la mort, la misère et la putréfaction d’où renait une nouvelle vie, celle qui s’offre à Miyuki lors de son retour au sein de son misérable village dans la montagne.

Commentaire par MARIE-JO

Empire du Japon, époque Heian, XIIe siècle. Être le meilleur pêcheur de carpes, fournisseur des étangs sacrés de la cité impériale, n’empêche pas Katsuro de se noyer. C’est alors à sa jeune veuve, Miyuki, de le remplacer pour porter jusqu’à la capitale les carpes arrachées aux remous de la rivière Kusagawa. Elle entreprend un périple de plusieurs centaines de kilomètres à travers forêts et montagnes, passant de temple en maison de rendez-vous, affrontant les orages et les séismes, les attaques de brigands et les trahisons de ses compagnons de route, la cruauté des maquerelles et la fureur des kappa, monstres aquatiques qui jaillissent de l’eau pour dévorer les entrailles des voyageurs. Mais la mémoire des heures éblouissantes vécues avec l’homme qu’elle a tant aimé, et dont elle est certaine qu’il chemine à ses côtés, donnera à Miyuki le pouvoir de surmonter les tribulations les plus insolites, et de rendre tout son prestige au vieux maître du Bureau des Jardins et des Étangs.   Résumé du livre, ETF

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