Une fantastique saga familiale.
Voilà enfin le dernier volet de la trilogie que l’auteur a entamée en 2013 avec « Au revoir là-haut », qui lui valut le Prix Goncourt 2013, suivi de « Couleurs de l’incendie ».
Pierre Lemaître nous faisait alors découvrir et vivre les années qui ont suivi la guerre de 14-18, avec bonheur, vivacité, émotion ; avec ce troisième volet, il nous emmène cette fois à Beyrouth, Saïgon et Paris, au seuil des trente glorieuses en 1948, tout de suite après la Libération, et en plein coeur de la guerre d’Indochine.
Oubliée la famille Péricourt, place à la famille Pelletier, dont Louis, le père, dirige de manière compulsive, obsessionnelle sa savonnerie - référence libanaise - en rêvant que l’un de ses fils lui succède. Hélas, celui-ci est incapable de tenir un rôle de direction et finit par s’enfuir à Paris en compagnie de sa revêche épouse. Ses frères ne sont pas en reste, l’un, Etienne, plus artiste apparemment, est épris d’un garçon qu’il va suivre jusqu’à Saïgon, ce dernier s’étant engagé dans l’armée, et l’autre, François, filant aussi à Paris pour devenir journaliste au « Soir » dans la rubrique des faits divers. Quant à leur soeur cadette, Hélène, elle s’ennuie à la maison tout en rêvant de liberté …
Nous voilà happés dans une saga familiale épatante, avec des personnages d’une belle réalité, des peintures de lieux et de situations très savoureuses, à la fois dramatiques et pleines d’humour. Pierre Lemaître profite de l’occasion pour nous brosser un tableau à la fois drôle et acide de l’administration coloniale française, de l’armée engagée contre le Viet Minh, du fonctionnement de « France-Soir » dont les journalistes sont plus des aventuriers que des rapporteurs, de l’atmosphère des cercles parisiens de justice, des policiers, et des hommes d’affaires …
Voilà un dernier volet rythmé qui ne nous laisse pas de repos, et nous offre de nombreux rebondissements dont le dernier, absolument étonnant, pour nous raccrocher aux deux premiers opus …
On aurait pu penser que le style de l’auteur ait évolué depuis son « Au revoir là-haut », mais non. Il use de la même verve, de ses descriptions minutieuses qui, forcément, imposent des images au lecteur au-delà des émotions et des sourires, de coups de théâtre et d’une imagination fertile …
Une fois entrés , attention ! Vous ne serez pas près d’en sortir avant le dénouement final.
Commentaire par MARC
La famille Pelletier. Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres. Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.
