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Offenses

Un court texte aux allures de "J'accuse" radical et salutairement dérangeant sur la misère et les injustices.

Constance Debré a fait beaucoup parler d’elle avec son précédent roman NOM, véritable coup de poing. Ce dernier ouvrage paru en 2023 a la même force.

Il raconte le meurtre d’une vieille femme par un de ses voisins âgé de dix-neuf ans. Celui- ci avait l’habitude de faire ses courses et même s’il l’aimait bien, il l’a tuée sauvagement pour lui dérober sa carte bleue afin de rembourser un dealer à qui il devait quatre-cent cinquante euros. Car l’action se passe dans une cité où règne la misère. Il a été élevé dans une famille sordide où tout le monde consomme du shit. Sorti tôt du système scolaire, il s’est retrouvé père d’une petite fille à seize ans et vit chez son père qui n’est pas son père. Ce problème de la bâtardise l’a beaucoup marqué. Après son meurtre, il n’a pas fui et a été vite retrouvé et arrêté.

Le récit n’est pas linéaire ni chronologique. Il est fait à plusieurs voix, celle du coupable et celle d’un narrateur dont on peut dire qu’elle représente l’écrivaine. Celle-ci crie sa révolte contre les injustices sociales et la misère qui condamnent les gens dès leur départ. L’accusé, attaché à « sa petite amie femme fiancée » et à sa petite fille projetait de partir au bord de la mer avec elles pour se faire une nouvelle vie, hélas il a été rattrapé par le malheur. Il y a les gens du dessus, les bienheureux, les Justes qui vivent sans risques et n’iront pas en prison et les gens du dessous qui ne peuvent s’en sortir. « Tout est abîmé dès la naissance ensuite ça ne fait qu’empirer ».
L’auteur, qui a été elle- même avocate va jusqu’à remettre en cause la justice. Elle accuse le procès de mascarade, de parodie.
La révolte de Constance Debré s’exprime avec une grande violence, « Les choses, les êtres, tout est laid ».« C’est comme une maladie la vie humaine, une infection ». On peut se demander ce qui a provoqué une telle radicalité chez cette femme issue d’un milieu bourgeois favorisé.

Ce livre court, brutal, écrit à l’emporte-pièce, se veut dérangeant et cherche à remettre en cause notre bonne conscience. En tout cas, même si elle a tout renié, l’écrivaine a trouvé un refuge dans la littérature.

Commentaire par MALU

"Un meurtre c'est fait pour que quelque chose s'arrête. Est-ce que c'est possible que les choses s'arrêtent, que ce ne soit pas toujours le même aplat de tout, sur le même ton, à la même vitesse qui vous avale, irrespirable, le souffle court, ne plus avoir d'oxygène au cerveau à force, est-ce que c'est possible que tout le monde se taise, que le bébé se taise, que sa mère se taise, que le dealer se taise, que les flics se taisent, que les juges se taisent, que tous ils se taisent. Qu'ils fassent ce qu'ils veulent de lui, il leur donne son corps, mais qu'il puisse se taire, qu'ils le laissent ne plus répondre."   Résumé du livre, ETF
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