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Royaumont...Si loin des landes écossaises

Pour fêter le centenaire de l’armistice qui a mis fin à la barbarie d’une guerre immonde, cet ouvrage, paru en 2009, mérite d’être relu aujourd’hui, pour que le souvenir de ces femmes admirables ne tombe pas dans l’oubli.

Issues de la « bonne société » écossaise et membres de « l’association pacifiste des Suffragistes », elles avaient des diplômes de médecine que les Françaises étaient encore loin d’obtenir.
Miss Ivens : Maître en chirurgie, médecin chef, Margaret : chirurgienne, Mabel : infirmière et Leslie : conductrice et mécanicienne qui transforma sa propre voiture en ambulance. Ainsi qu’une cinquantaine d’anonymes tout aussi dévouées. Elles avaient voulu fonder un hôpital exclusivement féminin, mais la Croix Rouge anglaise leur en ayant refusé l’autorisation, elles tentèrent leur chance en France. Elles furent accueillies à bras ouverts et l’Abbaye de Royaumont, alors désaffectée, fut mise à leur disposition.

Quand elles débarquèrent le 3 décembre 1914, elles trouvèrent les lieux dans un état de délabrement extrême, des couloirs, des salles immenses, sombres et glacés, pas un lit, pas un meuble. Partout des tas d’ordures, de gravas, de crottin, pas d’eau, pas électricité, pas le moindre chauffage. Elles ont dormi à même le sol, enroulées dans leur cape, grelottant de froid sous les vitres cassées des fenêtres. Le lendemain, elles se sont mises au travail et avec l’aide du propriétaire, M. Gouin, le 22 décembre, épuisées, elles avaient transformé ce désert en un hôpital militaire de 100 lits. Equipé du matériel le plus « moderne » : radiographie, anesthésie, chirurgie.

Au début, elles étaient loin d’être vues d’un bon œil par les Asniérois qui les prenaient pour des espionnes. De plus, on leur reprochait d’organiser des soirées récréatives, des arbres de Noël pour les poilus qui appelait l’endroit « le Paradis ». En pleine guerre !
Durant quatre ans d’une vie quotidienne exténuante, sans repos, séparées des leurs elles ont soigné, sauvé, des milliers d’hommes, brisés, défigurés, réconfortés par leur gentillesse, leur ténacité, malgré leur découragement devant cette contradiction absurde : les « réparer », pour qu’ils puissent retourner dans l’enfer des tranchées.
En parallèle, l’auteure décrit la vie du village. L’exaltation des hommes qui partent, le chagrin, mêlé d’espoir et de fierté de leurs familles. La misère, l’effroi, la vie atroce des tranchées. Le désespoir et le dénuement des veuves, tristes fantômes noirs.

Marie, l’institutrice, doublement frappée par la mort de Jean son mari, « fusillé pour l’exemple », méprisée de tous se verra radiée de l’enseignement. Elle rejoindra les « Miss » et apprendra que Jean n’était pas un déserteur, de l’aveu même d’un blessé, Julien, l’homme à qui il avait choisi de sauver la vie, au lieu de monter à l’assaut. Aide-soignante, elle sera le lien entre l’hôpital et le village.

Un beau roman historique, émouvant, terrible et très humaniste, enrichi de personnages secondaires convaincants.

Commentaire par CLAUDINE

Proche du front de la Somme, l'abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise a été transformée en hôpital militaire durant la Grande Guerre. En quatre ans, 10 861 blessés, en grande partie français, ont rejoint la vallée de l'Oise pour se faire soigner par des femmes médecins, infirmières et aides-soignantes venues d'Ecosse. Une (r) évolution culturelle rendue possible par la triste réalité d'une guerre, qui fera plus de 9 millions de morts et le double de blessés.   Résumé du livre, ETF
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