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Trio

Dans ce livre mené tambour battant, l’action monte proportionnellement au taux d’alcoolémie des personnages.

Un rappel à propos de William Boyd. En 1985, Bernard Pivot s’engageait à rembourser tout lecteur déçu par « Comme neige au soleil », un des premiers romans de l’écrivain anglais. Depuis son succès ne s’est pas démenti, dans des genres très différents. Celui-ci, traduit en 2020, est du genre réjouissant.
Il raconte le tournage d’un film en Angleterre, à Brighton, en 1968 et se construit autour de trois personnages principaux.

Le producteur, Talbot Kydd, est un homme d’une soixantaine d’années, marié et père de famille mais homosexuel refoulé. Il est un peu blasé et estime qu’il travaille sur « un film à la con, avec un titre à la con »
Anny Viklund est la star du film, jeune et jolie américaine, qui a une vie amoureuse tourmentée. Elle a été mariée un an à un terroriste qui a été arrêté puis s’est échappé. Aux abois, il retrouve les traces de son ex- femme, et va lui créer bien des soucis. Pour le moment elle a une liaison avec son jeune partenaire, même si elle n’a pas rompu avec son dernier amant, un intellectuel révolutionnaire qui vit à Paris. Malgré sa légèreté, c’est une femme angoissée et attachante.

Elfrida Wings, enfin, est la femme du réalisateur qui la trompe sans scrupule. C’est une écrivaine qui a connu le succès dans sa jeunesse mais, en panne d’inspiration, elle n’arrive plus à écrire, à part les titres de ses futures œuvres, qu’elle remanie sans cesse. Ce qui l’occupe en ce moment, c’est d’imaginer la dernière journée de Virginia Woolf (elle s’est suicidée) à qui on l’a comparée. Elle se console de ses problèmes en se noyant dans l’alcool.

Le récit est écrit sur un rythme rapide et dynamique, on ne s’ennuie pas avec ces personnages pittoresques, parfois burlesques, même si on termine sur une fin inattendue et un peu décevante.
L’auteur n’oublie pas de nous de nous donner une leçon de vie, en nous décrivant ce monde du cinéma qu’il connaît bien, où tout est faux, où les gens jouent un double jeu et peinent à se trouver eux- mêmes. Mais l’impression qui domine, c’est celle de son ingéniosité et de son humour. Il nous emporte à une vitesse folle, se déchaînant dans de courts chapitres, au rythme des boissons dont s’abreuvent les personnages et il nous procure un grand plaisir.

Commentaire par MALU

«Un film à la con avec un titre à la con.» C’est le producteur qui le dit. Nous voilà bien. En 1968, on tourne à Brighton L’Épatante Échelle pour la lune d’Emily Bracegirdle. Talbot a d’autres soucis: il cache son homosexualité. L’épouse du réalisateur est une romancière en panne depuis dix ans: ce silence se comble à grandes rasades de gin tonic. L’actrice principale a une liaison secrète avec son partenaire et est harcelée par son ex-mari qui s’est évadé de prison. Ce beau monde se croise, joue un double jeu. Boyd est à l’aise dans ce milieu foutraque où la réalité se prend les pieds dans la fiction. Il restitue l’ambiance survoltée qui règne sur le plateau. Le metteur en scène couche avec la scénariste, mais personne n’est censé être au courant.   Résumé du livre, ETF
William BOYD
ECRIVAIN
BIO
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