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Un amour impossible

Si l’on n’a jamais lu d’œuvre de cet écrivain à la réputation scandaleuse, on éprouve une grande surprise. C’est un roman d’auto fiction, écrit à la première personne.

Christine Angot raconte la vie de sa mère et sa propre jeunesse. Rachel, belle femme à demi juive, issue d’un milieu modeste, vit à Chateauroux et travaille à la Sécu. Elle est séduite par un bourgeois parisien cultivé, avec qui elle a une liaison passionnée. Mais celui-ci n’accepte aucune contrainte et refuse le mariage. Il ne reconnaît pas sa fille à la naissance mais revoit sa maîtresse selon son bon vouloir, jusqu’au jour ou il révèle qu’il s’est marié. Cependant il accepte de reconnaître Christine quand elle a quatorze ans.

Mère et fille sont liées par un amour fusionnel, qui se gâte à l’adolescence, quand la jeune fille revoit son père régulièrement. Elle rejette sa mère avec qui elle devient dure et méchante. C’est un ami qui fait comprendre qu’elle est violée par son père. Nous voici au cœur des romans de l’écrivain mais ici le problème est évoqué de façon très pudique, le mot inceste n’est jamais prononcé.

Cette révélation explique la rupture avec la mère et la difficulté à vivre de Christine. Comment pardonner à une mère qui n’a rien vu, rien dit ? Comment, une fois adulte, bâtir une vie de couple stable ?

A la fin du récit, les deux femmes se retrouvent dans un grand élan d’amour. La fille explique à sa mère devenue vieille que ce viol a des raisons sociologiques, le père, dominateur, qui avait pour lui la force du langage, a toujours voulu rejeter cette femme d’un milieu inférieur, lui faisant perdre toute confiance en elle.

Ce roman est facile à lire car le récit est chronologique, écrit très simplement et coupé de nombreux dialogues que la narratrice restitue avec le plus de vérité possible. Il peint le portrait d’une femme de valeur, anéantie par la passion. La maturité de la romancière lui permet enfin de réhabiliter cette mère aimante et l’amour redevient possible.

Commentaire par Manu

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