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De pierre et d’os

Empreint à la fois de douceur, d’écologie et de spiritualité, De pierre et d’os nous plonge dans le destin solaire d’une jeune femme eskimo.

Uqsuralik, jeune fille Inuit, raconte sa survie dans l’Arctique avant l’arrivée « Des hommes blancs aux sourcils épais ». En pleine nuit polaire, sortie de l’igloo protecteur pour se soulager, elle se trouve séparée des siens par une brutale rupture de la banquise. Son père a juste le temps de lui lancer de quoi survivre : une dent d’ours fétiche, une lourde peau d’ours et un harpon dont la flèche se brise et tombe dans la crevasse. Dans ses poches, un poignard et de la graisse de phoque.
Elle ne crie pas, ne pleure pas, elle sait que c’est inutile et qu’elle va devoir marcher, seule pendant des jours, pour trouver une autre communauté humaine. Ou mourir de froid. Devant elle, un monticule de neige se soulève, il en sort Ikasuk, la chienne de tête du traineau de son père, sa préférée, et ses 4 chiots, affamés. Ils sont féroces et l’auraient attaquée sans l’intervention de la chienne qui la défendra contre eux pendant tout leur périple.

Elle marche jusqu’à l’épuisement, luttant contre l’engourdissement du froid et se creusant au poignard, des igloos dans la neige, en dépit de sa fatigue extrême. Elle a le don d’entendre les esprits et doit lutter contre la voix doucereuse du démon Torngarsuk qui veut l’attirer dans son domaine de glace sous-terrain. Quand, épuisée, elle arrive enfin en vue d’un campement où vivent 3 familles, elle a juste la force de faire les grands signes convenus, connus de tous, les bras levés, qui permettent de s’identifier de très loin. Ils l’acceptent dans le clan en dépit de la famine qui les contraint à mâcher des lambeaux de vieilles peaux et de tendons de caribous.

Chasseuse émérite comme son père, elle part traquer le phoque avec les hommes. Une nuit, le plus vieux l’emmène à la chasse et la viole, elle le frappe grièvement de son poignard. Désespérée, elle voudrait mourir, mais finit par se ressaisir grâce à l’amour de Turukaraq, le fils aîné qui la prend pour compagne. Ils partent désormais ensemble chasser les phoques du lac dégelé. Au printemps, quand le Clan lève le campement, elle reste seule avec son époux. Un jour, joyeuse, elle le regarde partir sur son kayak. Il ne reviendra jamais, sans doute victime d’un sort jeté par son propre père. Contrainte de repartir, elle va reprendre son errance, cette fois, munie d’une bonne provision de viande crue dans laquelle elle mord à belles dents et qu’elle partage avec les chiens.

A présent, il fait très chaud, elle va pouvoir se reposer dans la toundra, verdoyant territoire des « Petites Personnes », génies bienfaisants. Ils lui parlent, elle les comprend et s’amuse avec eux. Quand revient le froid du « Jeune hiver », elle doit repartir vers les humains. Elle retrouve le campement de la famille de son oncle, où la très vieille chamane Sauniq la regarde et lui annonce qu’elle est enceinte. Elle va accoucher d’Hila une fille dans laquelle Sauniq reconnaîtra la réincarnation de sa propre mère.

Elle ressent de plus en plus la présence des esprits, ils lui parlent, la guident ou la tourmentent. Sauniq doit lui transmettre ses pouvoirs car elle sait que sa fin est proche. Hila tombe malade, mais elle ne peut pas la guérir et demande l’aide du puissant chaman, Naja, qui vient d’au-delà des terres lointaines, qu’Uksuralik voit depuis longtemps dans ses transes. Il sauve la fillette et entreprend son initiation en lui infligeant des épreuves féroces où elle devra côtoyer la mort. Elle en triomphera et, devenue sa compagne, elle mettra au monde des jumeaux, au bord d’un lac, par une nuit d’orage, dans des conditions magiques extravagantes.
L’histoire est émaillée de « Chants », naïfs ou poétiques, par lesquels humains, animaux ou esprits, se lamentent, se réjouissent ou racontent leur vie.

C’est un récit captivant où la survie est un combat quotidien. Le succès ou l’échec de la chasse ou de la pêche est soumis au bon vouloir des esprits qui leur imposent des tabous sévères qu’ils ne peuvent transgresser, sous peine de mourir de faim. Un épilogue surprenant, dévoile les personnalités multiples de la narratrice.

Commentaire par CLAUDINE

"Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques." Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.   Résumé du livre, ETF

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