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Les étoiles s’éteignent à l’aube

Un livre fascinant dont il est impossible de se sortir avant d’en avoir dévoré la totalité …

Franklin a été élevé par le Vieil homme, dans la tradition du travail bien fait, du respect de la nature, sans confort particulier, semble-t-il, bref, « à la dure ». Pourtant, dès les premières pages on ressent du bonheur dans le partage de ces jours tranquilles, laborieux, au cours desquels le silence n’est rompu que par des phrases courtes, essentielles. Ces deux-là sont de la race « injun », indiens ojibwés, et font partie intégrante de la nature.

Franklin a seize ans, et n’a connu ni sa mère, ni son véritable père, qu’il n’a croisé que rarement, et toujours de façon malheureuse ; le Vieil homme l’a élevé comme un père et l’aime comme son fils.

Nous sommes au début du récit, et, déjà, curieux de savoir comment cela est-il arrivé : ça y est, on est attrapé !!

Le Vieil homme connaît Eldon, père alcoolique, absent, menteur, salopard invétéré et apparemment sans coeur. Et ce dernier, sentant sa fin proche - il est malade - a demandé que Franklin vienne le chercher pour l’aider à prendre son départ « à l’indienne » dans un lieu retiré en pleine nature.

Franklin a toutes les raisons de ne pas répondre à sa demande, pourtant, sans hésiter ni discuter, il se rend en ville et va accompagner son géniteur dans son dernier voyage.

Commence alors un périple dans la montagne et la forêt, difficile du fait de l’état de délabrement d’Eldon, qu’il faut soutenir, soigner, défendre des agressions naturelles. Mais c’est aussi un périple intérieur, à la fois pour Franklin qui part à la recherche de ses origines, mais surtout pour son père qui aura l’occasion de se livrer totalement, sans fioritures, sans chercher à se parer d’une image belle ou mauvaise, dans une espèce de catharsis destinée non à se faire pardonner - il est au-delà du pardon - mais à donner à son fils de quoi remplir ses vides intérieurs et répondre à ses questions vaines : le Vieil homme s’est refusé à y répondre et lui a toujours incité à consulter son père.

Les propos sont nets, rudes, Franklin, malgré son jeune âge, est d’une maturité surprenante, dur parfois, mais toujours sobre et pragmatique.

Ce livre est tout en silences, les personnages sont des taiseux, qui ne parlent que s’ils ont quelque chose à dire : surtout, plutôt que parler, ils agissent et leurs phrases inachevées en disent souvent plus …

Eldon, qui a mené une vie tumultueuse, connu des guerres, s’est battu souvent, boit comme un trou, mais travaille comme une brute pour gagner maigrement sa vie, velléitaire, est malgré les apparences d’une grande fragilité. Franklin, son jeune fils est, lui, solide et volontaire. Le Vieil homme, quant à lui, est un roc, tranquille et bienveillant.

Mais surtout, au-delà de la grande difficulté de leur relation, c’est l’humanité qui unit Eldon et Franklin et qui transpire de toutes les pages : un grand livre, un très grand livre.

Ce roman est fait de la même étoffe que ses personnages : brut, émouvant, bouleversant par moment, et totalement empreint du bonheur de la nature. On y découvre à chaque page une sincérité, un dépouillement de style enthousiasmants. Quel dommage que les autres livres de cet auteur, lui-même indien ojibwé, n’aient pas été traduits en français.

Le style de Richard Wagamese est simple, parfois même épuré, alternant les dialogues secs et rudes sans mot de trop, avec des récits détaillés et des descriptions de ces contrées sauvages et assez magnifiques pour y mourir.

Et, en passant, bravo pour le beau travail de la traductrice qui a su transcrire les volontés de l’auteur et respecter aussi bien la langue française.

Commentaire par Marc VALLETEAU de MOULLIAC

Lorsque Franklin Starlight, âgé de seize ans, est appelé au chevet de son père Eldon, il découvre un homme détruit par des années d’alcoolisme. Eldon sent sa fin proche et demande à son fils de l’accompagner jusqu’à la montagne pour y être enterré comme un guerrier. S’ensuit un rude voyage à travers l’arrière-pays magnifique et sauvage de la Colombie britannique, mais aussi un saisissant périple à la rencontre du passé et des origines indiennes des deux hommes. Eldon raconte à Frank les moments sombres de sa vie aussi bien que les périodes de joie et d’espoir, et lui parle des sacrifices qu’il a concédés au nom de l’amour. Il fait ainsi découvrir à son fils un monde que le garçon n’avait jamais vu, une histoire qu’il n’avait jamais entendue.   Résumé du livre, ETF
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