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Par instants, la vie n’est pas sûre

"Si j'ai choisi de t'écrire, Pierre, c'est que j'ai préféré m'adresser à toi plutôt que de parler de toi. Il m'a semblé ainsi réduire, effacer même par instants, la distance qui sépare la vie de la mort."

Pour bien apprécier ce livre, il est intéressant de connaître la vie de son
auteur.
Robert Bober est né en 1931 de parents juifs d’origine polonaise .Sa famille se
réfugie en France et échappe à la rafle du Vel d’Hiv grâce à un commissaire.
Dans sa jeunesse i ! participe à des colonies de vacances pour enfants juifs et y
tisse des liens indéfectibles. Après son certificat d’études, il travaille dans un
atelier de tailleur jusqu’à ses 22 ans. ll rencontre alors François Truffaut et
devient son assistant. A partir de 1967, il réalise des documentaires pour la
télévision. Le grand tournant de sa vie, c’est sa collaboration avec Pierre
Dumayet, grand journaliste qui a introduit la littérature à la télévision avec
son émission Lectures pour tous puis Lire c’est vivre.

Pierre Dumayet meurt en 2011 et Robert Bober décide de lui rendre hommage
mais plutôt que de parler de lui, il décide de lui écrire une longue lettre. Cet
ouvrage est donc le récit de leur amitié et de leurs souvenirs communs :
tournages de documentaires et de films, lectures, rencontres . Mais ces souvenirs lui reviennent pêle-mêle et sa plume suit ce mouvement spontané,
sans chronologie, avec des digressions et des retours en arrière.

On voit revivre les écrivains évoqués ou rencontrés, les premiers étant des rabins,
Georges Perec, son ami de la première heure, Queneau, Flaubert, Reverdy,
Duras, Erri de Luca et tant d’autres. Les passages les plus émouvants sont sans
doute celles qui évoquent la disparition de Paul Otchakovsky- laurens ( P.O.L),
qui édita son premier livre " Quoi de neuf sur la guerre".

A travers leur passé commun il raconte sa propre existence, son enfance dans
le quartier de la Butte aux Cailles, à l’atelier du tailleur si bienveillant, qui lui
avait dit « le métier de tailleur mène à tout à condition d’en sortir » » jusqu’à
l’époque récente de ses petits-enfants . Bien entendu le souvenir de ses
origines et de la shoah plane indirectement sur ce récit.

Ce livre est donc l’histoire d’un autodidacte qui croyait que les livres n’étaient
pas pour lui et qui s’est cultivé au contact des autres, tout en restant un
homme simple et sensible, qui nous touche, nous amuse , nous instruit, en un
mot nous passionne et nous donne goût à la vie.

Commentaire par MALU

J’appelle des visages, des souvenirs, et ce ne sont pas toujours ceux que j’appelle qui se présentent. Et comme s’ils n’attendaient que ça, ils affluent, en vrac, se donnant la main. Je les accueille sans savoir où ils vont me conduire, ni ce qu’ils vont produire. Répartis dans des dossiers étiquetés, descendus de leurs étagères, sortis de leurs tiroirs, les souvenirs sont là, déposés sur mon bureau, attendant avec impatience ? espoir ? que je prenne le temps de m’y arrêter. Il y a des choses dont on se souvient "comme si c’était hier" et d’autres – quel plaisir ! – qui surgissent, là, soudain, que j’avais oubliées au point qu’elles m’apparaissent nouvelles. D’autres encore, dont je ne mesurais pas l’importance, mais dans quoi, comme à mon insu, le temps a déposé ce que je vais m’acharner à comprendre et essayer de traduire. Oui, les souvenirs, il faudrait pouvoir leur parler. Ils doivent tout savoir de nos regrets, de nos remords.   Résumé du livre, ETF
Robert BOBER
ECRIVAIN
BIO
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