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Petite sale

Un roman noir éblouissant qui raconte comment une disparition peut révéler les pires jeux de pouvoirs, entre violences de classe et violences de genre.

Après LA DEUXIÈME FEMME qui a connu le succès et qui raconte l’emprise d’un homme sur une femme fragile, ce roman est paru en 2023.
C’est à la fois un roman policier et un roman social très noir.
La petite sale, c’est Catherine, jeune fille employée dans une grosse exploitation au nord de Paris qui cultive les betteraves. Elle semble insignifiante, invisible aux yeux de tous, bonne à tout faire car elle n’a pas été jugée assez présentable pour servir à table.

Le patron est un homme dur et impitoyable, qui a acheté peu à peu les terres alentours, que tout le monde craint, même son fils qui vit avec lui et doit lui succéder. Il est devenu très riche et à des visés politiques.
Malgré sa sécheresse de cœur, il est ébranlé lorsque sa petite fille de quatre ans disparaît brusquement alors qu’elle était sous la garde de Catherine et qu’une demande de rançon suit de près le drame.

Deux policiers parisiens sont envoyés auprès des gendarmes du coin pour mener l’enquête. A partir de là, on assiste à leur travail, les nombreux interrogatoires des ouvriers sur place et ceux des habitants car il semble évident que les raisons d’en vouloir à Monsieur ne manquent pas. Mais les gens ont peur de perdre leur place et sont murés dans leur silence. L’enquête piétine, au désespoir des deux enquêteurs qui ne s’habituent pas à la neige, au froid glacial, à l’inconfort de leur hôtel (l’intrigue se situe en 1969). C’est le plus jeune qui souffre le plus car il est obsédé par l’enlèvement de la petite fille et supporte mal la rudesse des gens, surtout par rapport à la douceur de sa fiancée. L’autre policier, près de la retraite, est plus résigné.

Curieusement, la petite bonne qui donne son nom au roman ne tient pas la plus grande place. Peu de gens la connaissent et l’apprécient à sa juste valeur. Ce qui domine dans ce récit, c’est la description de la domination du maître et la violence des rapports humains dans ce milieu rural. Et l’on garde le souvenir d’une vie dure, sur des terres boueuses dans lesquelles les pieds s’enfoncent, habitées par des gens fermés.

Ce livre présente des aspects intéressants, il décrit encore une emprise, celle d’un patron avide sur sa famille et ses employés. L’enquête est bien menée et ménage du suspense, l’ambiance peut faire penser à celle de certains Simenon. Mais il présente des longueurs et insiste beaucoup sur certains thèmes, ce qui ne nuit pas à l’écriture agréable et facile à lire de l’écrivaine.

Commentaire par MALU

" La terre est riche. Parfois, elle y pense – la terre est riche. La boue est riche. Elle pas. Tout le monde est plus riche qu’elle, même la boue. " Catherine est pauvre. Catherine fait sale. Catherine parle peu. Elle n’aime pas qu’on la regarde – les filles qu’on regarde ont des problèmes. Au Domaine où elle travaille, elle fait partie de ces invisibles grâce à qui la ferme tourne. Monsieur, lui, est riche. Il ne parle pas non plus – il crache ou il tonne. Et il possède tout. Mais quand sa petite-fille de quatre ans disparaît ce jour glacé de février 1969, Monsieur perd quelque chose d’une valeur inestimable. Dans cette vallée de champs de betterave, où chaque homme et chaque femme est employé de près ou de loin par Monsieur, deux flics parisiens débarquent alors pour mener l’enquête avec les gendarmes. Car une demande de rançon tombe. Mais le village entier semble englué dans le silence et les non-dits. Personne ne veut d’ennuis avec Monsieur. À commencer par Catherine. Catherine qui se fait plus discrète et plus invisible encore. Catherine qui est la dernière à avoir vu la petite.   Résumé du livre, ETF
Louise MEY
ECRIVAIN
BIO
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