La découverte du livre " lda " d'Hélène Bessette est un choc ! C'est un texte tellement original. Dans sa forme déjà, c'est une évidence.
L’héroïne de ce livre, lda, est au service de Mme Besson et c’est cette dernière qui l’évoque mais en usant de l’imparfait. Et après quelques pages : " De quoi s’agit-il ? De la mort de lda " On sait où l’on va.
Tout au long du livre se tisse au plus fin la relation de cette lda et de sa patronne, toute en nuances ; une vérité sur l’humain inhumain.
C’est une peinture cruelle, cinglante, acide, implacable. Sous forme de puzzle, Hélène Bessette trace une critique sociale acerbe avec une acuité percutante : elle dépeint des discordances au quotidien.
Après l’accident, c’est tout au long des semaines qui suivent que sont évoquées des bribes de la vie de lda, avec " des reproches posthumes " Les réactions de son entourage avec ce souci permanent des apparences et des convenances.
Des petites touches :
Son monde est différent - lda était comme nous que dis-je était à nous
- Elle est de la famille lda Elle était comme de la famille.
Faites comme chez vous... ici vous êtes chez vous.
- On riait. Vous nous faisiez rire. Et il fallait pleurer.
- Cette femme morte crie plus fort que tous les vivants .
lda adulte et responsable ne supporte pas la bienveillance.
- Elle a la mort de toutes les lda du monde.
- lda meurt comme elle a vécu. En fille stupide sans cervelle qui ne voit pas le danger - C’était sa faute, On ne le dit pas mais on n’en est pas loin.
ll y a toutefois quelques traits qui font légèrement sourire et qui reviennent comme un refrain :" lda regardez pas vos pieds comme ça" » (p.13) « avec cette façon qu’elle a de marcher en regardant ses pieds il arrivera quelque chose », « vos pieds lda, vos pieds. " (p.129)
C’est un livre à partager et qui donne envie de découvrir les autres récits d’Hélène Bessette(1918-2000) institutrice remarquée par Raymond Queneau deux fois retenue pour le Goncourt
Fin de vie dans l’anonymat, la pauvreté. Redécouverte récemment par un jeune étudiant (Article Le Monde août2021)
Commentaire par E.C.
Ida, l'héroïne de ce roman, est déjà morte, dès la première ligne. Elle ne vit qu'à travers les paroles de ses employeurs, de ceux qui croisaient son chemin humble et furtif. Silhouette discrète et tassée par l'âge, Ida était au service de la famille Besson. Bonne à tout faire. Sa vie se réduisait à son travail. Ida a été renversée par un camion. Pourquoi a-t-elle passé sa vie à fixer ses grands pieds plutôt que prêter attention au monde qui l'entourait ? Cette mort brutale entraîne des commentaires. Qui est vraiment Ida ? Comment a-t-elle osé mourir ? Les phrases s'entrecroisent de façon limpide et assourdissante, construisant un récit amer. Un univers d'égoïsme, de conventions, de cruauté et d'indifférence dont Ida a été la victime silencieuse et triomphante.
