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Premier sang

Tendre, drôle, apaisant « Premier Sang », hommage à celui qui lui a donné la vie.

Amélie Nothomb a perdu son père en 2020, à l’âge de quatre-vingt- trois ans. Dans ce roman, elle se met à sa place pour le faire parler à la première personne. Il ne raconte pas toute sa vie mais sa jeunesse jusqu’à vingt- huit ans où il est confronté à des événements exceptionnels.

Né en Belgique dans une famille bourgeoise, il ne connaît pas son père militaire, mort après deux ans de mariage. Sa mère reste inconsolable, devient mondaine et le confie à sa grand-mère maternelle qui l’élève et le choie comme une petite fille. Elle l’habille de costumes de velours avec des cols de dentelle. Ce n’est pas du goût du grand-père qui le trouve trop doux et trop mollasson et, pour l’endurcir, il l’envoie passer des vacances chez les Nothomb qui vivent dans un château des Ardennes

L’enfant a six ans et se trouve projeté dans un autre monde. Suite à un remariage, son baron de grand-père est à la tête d’une tribu d’enfants dont le plus jeune a l’âge de notre héros. Livrés à eux-mêmes, ils sont sauvages et violents, « une horde de Huns ».
Il faut dire que c’est la guerre, que le père désargenté les affame complètement, les petits derniers en bout de table n’ont plus rien dans leur assiette. Heureusement, en été, la grand- mère, moins égoïste, leur sert de la rhubarbe ! Comme le chef de famille se veut poète, hors des réalités, il laisse son petit-fils subir le harcèlement et les brimades de ses rejetons. Mais pas de révolte chez lui, dépaysé et gentil, il ne souhaite que s’adapter et surtout il est séduit par la grande demeure, même si elle est mal entretenue et glaciale et par la beauté de la campagne. C’est lui-même qui demandera de répéter ces séjours ardennais.

Les années passent. A quinze ans, Patrick Nothomb découvre qu’il s’évanouit à la vue du sang et s’intéresse aux filles. Il tombe amoureux de Danièle et attend de passer le concours de diplomate pour l’épouser. Il est père d’un petit garçon lorsqu’il est affecté au Congo devenu indépendant et nommé consul à Stanleyville. C’est là, en 1964, que se situe un épisode qui montre que le petit garçon fragile est devenu un homme courageux. Les 1500 blancs de Stanleyville deviennent les otages de rebelles qui menacent chaque jour de les tuer et c’est grâce à la force du diplomate que la plupart seront sauvés. Lorsqu’un bain de sang a lieu, ce dernier réussit à ne pas s’évanouir pour survivre.

Dans ce court roman, l’écrivaine rend un bel hommage à son père. En s’exprimant à sa place, elle le fait d’une écriture rapide et alerte, pleine d’humour, surtout dans la première partie souvent drôle. La seconde partie, plus dramatique, est plus plate et se lit avec moins de plaisir. Roman agréable donc, mais pas « fascinant », comme l’ont dit certains

Commentaire par MALU

« Il ne faut pas sous-estimer la rage de survivre. » Sous la forme d’un conte, Amélie Nothomb raconte la vie de Patrick, son père, doux enfant angélique qui, jeune adulte, devra se confronter à la mort. Un magnifique hommage à la figure paternelle mais aussi à un héros de l’ombre, diplomate à la carrière hors norme.   Résumé du livre, ETF
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